A une vingtaine de kilomètres de Brive-la-Gaillarde, aux confins du Limousin et du Quercy, Collonges-la-Rouge dresse sa silhouette de grès pourpre sur le vert contrastant d’un vallon. C’est le matin qu’il faut aller à sa rencontre. : s’asseoir un instant à la terrasse d’un café et écouter le village s’éveiller peu à peu, admirer les lumières particulières de ce moment de la journée magnifier ce bijou d’architecture. Sur les imposants volumes bâtis coiffés de larges toitures de lauze ou d’ardoise, tourelles et échauguettes viennent parfois surprendre le regard… « Collonges », comme on la nomme familièrement, mélange force et délicatesse, simplicité et élégance. Ici, chaque pierre est un témoin de l’Histoire. De son passé d’étape pour les pèlerins cheminant vers Saint-Jacques-de-Compostelle, le village a notamment conservé l’église Saint-Pierre, érigée aux XIème et XIIème siècles. Les castels Renaissance racontent comment le village médiéval devint, au XIIIème siècle, châtellenie de la puissante vicomté de Turenne. L’ancienne halle aux grains et aux vins du XVIème siècle, qui abrite toujours le four banal, rappelle les heures florissantes de cette cité commerçante. Aujourd’hui lieu d’exposition, la chapelle des Pénitents accueillit de 1765 et jusqu’à la fin du XIXème S, la confrérie des Pénitents Noirs, dont l’une des missions était d’enterrer les morts gratuitement.
Laissé exsangue au XIXème siècle après le passage du phylloxéra, Collonges-la-Rouge renaît peu à peu de ses cendres au XXème siècle pour devenir aujourd’hui l’un des fleurons du patrimoine rural français et l’un des sites les plus visités de Corrèze. Cette renaissance, le village la doit alors à son maire : Charles Ceyrac. Au début des années 1980, Collonges, comme nombre de communes rurales en France, souffre de la déprise agricole et se vide de ses habitants. L’élu corrézien ne se résout pas à ce déclin économique qui menace de disparition un patrimoine tout aussi exceptionnel que méconnu. L’impulsion à son combat prend la forme d’un livre découvert dans la vitrine d’une librairie parisienne : « Les Plus Beaux Villages de France », édité par Sélection du Reader’s Digest. Charles Ceyrac écrit aux maires de la centaine de villages présentés dans l’ouvrage. 66 répondent à son appel et créent avec lui, le 6 mars 1982 à Salers (Cantal), l’association Les Plus Beaux Villages de France. Dans le pays et bientôt au-delà, l’on découvre que la campagne recèle des trésors de patrimoine et d’architecture. Depuis, Collonges-la-Rouge reste l’emblème de la Corrèze et des Plus Beaux Villages de France.